Désolé pour le retard des nouvelles, c'est que depuis quelques jours, tous les soirs, c'est pêche, alors ça rigole plus. On est en train de faire les stocks de poissons, c'est le bonheur. En plus, quand je nettoie les poissons dans le noir avec la lumière, ça attire les poulpes, et hop, on a même l'appât pour le lendemain.
Nous nous trouvons dans le Rob Roy passage au nord est de Santa Isabel. On passe pas mal de temps à naviguer dans des chenaux (comme dans des rivières), c'est très sympa, ça change de la mer, mais on se fait des belles frayeurs quand la visibilité sous l'eau est réduite et que le fond remontent brutalement. Du coup, on fait souvent demi-tour, ce qui nous fait des grandes étapes par jour, mais bon, ça fait du bien de flâner.
LES DAUPHINS
Donc, pour est ce qui de notre journée dauphins, c'est pas facile de raconter. Dès qu'on approche de l'étang, ils arrivent, sortent la tête, viennent chercher des caresses. Ils aiment d'ailleurs se faire caresser la langue, au début on ose pas trop, ils ont de belles dents quand-même, et en fait, jamais ils n'ont mordus. Un peu le comportement d'un chien de maison. Par contre, quand on nage avec eux, ils s'approchent de très prêt, tournent autour de nous, mais jamais ne se laissent toucher. Bien-sûr, tout est dans l'émotion, car comme tu le dis, le dauphin est un mythe. On était comme des enfants pendant une journée.
Pour la petite histoire, apparemment, l'affaire qui m'a d'abord paru le business en or (attrait touristique et boulot agréable) n'est pas si rentable, si bien que l'on a plus d'argent pour acheter des bonites aux pêcheurs. Alors les dauphins sont à la diète. Mais le manager n'est pas trop inquiet car ils ont déjà tenu 9 jours sans manger !
Pour rester avec les dauphins, ce matin, dans un calme qui rendait la mer comme un miroir, avec une super visi, nous sommes passé à côté d'un troupeau, qui s'est bien-sûr empressé de nous rejoindre. Ils jouent à l'étrave sans arrêt (la vague d'étrave leur serait agréable, ai-je entendu un jour) et ils nous font des sauts que Céline à saisi avec la caméra. C'est vraiment dingue cet animal qui rejoint les voiliers, passent 5 mn à les accompagner, et filent. Je te passe le Bernard Moitessier dont son bateau aurait échappé aux récifs grâce aux "avertissements" de dauphins… Céline a d'ailleurs une histoire similaire.
SANTA ISABEL
Et bien en fait, on ne voit quasiment personne ! C'est la première fois qu'on trouve un coin presque désert depuis notre départ de Calédonie. Au point que ce matin, en navigant, on a vu une pirogue au loin, on s'est arrêté, elle nous a rejoint, avons discuté (et bien rit, le mélanésien est rieur, tu es bien placé pour le savoir) le temps de fumer une cigarette, et tout le monde a repris sa route.
En fait, on en profite surtout pour faire le prochain film, il est presque finit, on l'enverra de Ghizo d'ici 10 jours je pense.
Par contre, 1ère fois aussi, nous avons échapper à une mignonne petite entourloupe. Un matin, un bateau banane passe nous voir entre 7 et 8h. Céline sort pour voir. Un mec, la SB à la main (SB = Salomon Beer) qui parle anglais, et ses 5 ou 6 copains, un peu abîmé de la veille. Ils viennent nous souhaiter la bienvenue, et filent.
Le midi, il repasse, un peu plus fatigué, toujours accompagné de ses 5 ou 6 cadavres qui grillent au soleil. Il commence à nous expliquer que nous sommes tous frères... bla bla bla... les droits de terres... bla bla bla... que l'île appartient à un vieux dans un village loin d'ici... et donc il réclame 500 $ (la modique somme de 6000 CFP !) pour le mouillage. Et cerise sur le gâteau, me demande ce que j'en pense !
Bien évidemment, je comprends fort bien, c'est tout à fait légitime, mais malheureusement, nous n'avons pas d'argent, alors nous partirons si le vieux le désire, malgré le cyclone qui approche. Alors ils repartent, mais ils ont l'air un peu déçus.
J'admire la diplomatie et la courtoisie du mec qui est resté si poli et souriant, malgré quelques bières, mon refus de payer, et surtout que la scène se passe sous les yeux (presque éteints) de ses potes.
Alors ils reviennent, en disant qu'on peut rester autant qu'on veut, que c'est bien normal, mais qu'ils ont consommé beaucoup d'essence et qu'ils n'en ont plus assez pour rentrer. Alors on leur file un malheureux litre qui restait au fond d'un bidon, discutons moteurs 2 temps et 4 temps, et on leur file même un peu de tabac parce qu'ils sont super sympa de nous avoir arrangé le loyer gratuit. Et tout le monde se quitte avec le sourire, et nous ne les reverrons plus.
Ce que je veux surtout souligner, c'est que jusqu'ici, c'est le comportement le moins scrupuleux auquel nous avons été exposé. On a pas trop à se plaindre...
Sinon, hier j'ai installé une antenne dehors pour capter la radio de Honiara (elle servira aussi pour notre prochain récepteur radio météo). Dis moi ce que tu en penses si tu veux. J'ai installé un fin hauban entre la tête de mat et le portique (tenu par du bout pour l'isolation).Un coaxial rejoint la radio à se câble (pour l'âme) et à la coque (pour la masse). Pour les connexions extérieures, je voudrais étamer les fils, mais j'ai entendu qu'il ne fallait jamais faire de soudure sur du fil d'antenne. Tu es au courant toi ?
Bon, allez, c'est bientôt l'heure de la pêche
A bientôt
Seb
7°36.44s 158°23.26e
PS le baro indique 1004, je le soupçonne d'avoir un coup de chaud, mais on veille quand-même
carte et image nord Santa Isabel - Iles Salomon :

